Doit-on s’inquiéter de la santé mentale de Tony Melvil ? Assurément, non. Ce serait nier l’évidente distance qui tient à l’écart les mots qu’il choisit aux tourments qu’ils
enrobent. Son premier disque, que l’on aura l’élégance de ne pas qualifier d’EP,
n’aurait sûrement pas déplu à Desproges, lui qui considérait le rire comme « la
politesse du désespoir ».
Car si les chansons de Tony Melvil s’inquiètent pour la
plupart de l’insondable thème de la vie après la mort, elles possèdent l’ironie et le
flegme nécessaires pour nous confronter à la question un peu plus terre-à-terre de
la vie avant la mort. « Hommes, vaches, même folklore », nous fait-il constater
depuis ce « Wagon à bestiaux » dans lequel nous sommes tous embarqués.
Tony Melvil est donc coupable. Sur ce disque âpre et instinctif comme sur scène où
il fait semblant d’être sage. Méfiez-vous de lui et de la journée lumineuse qu’il peint
dans « Je m’allonge ».
Et que penser, monsieur le procureur, de cette litanie de sentiments douteux qu’il livre à cette pauvre « Emilie » ? C’en est trop. Qu’on l’enferme pour ce flagrant délit de poésie, cet abus de lucidité, cette série de meurtres par plume à bout portant. Jetez-le dans la même geôle qu’Alexis HK et Bertrand Belin et, surtout, ne baissez jamais la garde. Tony Melvil n’en est ni à sa première, ni à sa dernière tentative d’évasion.
Geoffrey Sébille
http://www.tonymelvil.com